Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fond du cœur : Non tali auxilio, nec defensoribus istis egemus. Malheureusement, l’élection générale de 1804 avait fait entrer dans le quatrième parlement, des hommes d’une humeur impatiente et brusque, d’un caractère violent et vindicatif : à ceux-là une défense officieuse d’autrui n’était pas tout ce qu’il fallait. Le 11 (mars), il fut « résolu que Thomas Cary, éditeur du papier-nouvelles intitulé, The Quebec Mercury (établi en 1804[1]), pour avoir entrepris, dans sa feuille d’hier, de rendre compte des procédés de cette chambre, soit pris en la garde du sergent d’armes[2]. » Il n’en coûta pourtant à M. Cary qu’une « humble requête », où « il regrettait d’avoir, contre son intention, offensé la chambre », pour qu’elle ne procédât pas ultérieurement. Mais, le 15, M. Todd, président du banquet où avaient été portées les santés offensantes, et M. Edward Edwards, éditeur de la Gazette de Montréal, furent déclarés coupables d’une « haute (ou grande) infraction des priviléges de la chambre », et il fut ordonné qu’ils fussent « pris en la garde du sergent d’armes » ; mais M. Todd étant passé aux États-Unis, l’affaire n’alla pas plus loin.

La liberté de la presse avait été jusqu’alors inconnue en Canada[3] : la majorité de l’assemblée la voyant diriger

  1. Ce journal remplaçait, mais pour la partie anglaise seulement, le British American Register et Registre de l’Amérique Britannique, établi en 1803, mais discontinué après le 26ème numéro.
  2. Des mots anglais, serjeant at arms.
  3. Avant l’établissement de la constitution de 1792, il n’était pas permis, en Canada, de publier sans permission, même les nouvelles du jour. « Un fait curieux, et qui montre bien l’esprit du temps et du gouvernement d’alors, c’est que l’imprimeur de la Gazette Littéraire a le soin d’avertir, dans une espèce de prospectus, publié quelque temps avant la sortie de son premier numéro, qu’il insèrera tout ce qu’on voudra bien lui communiquer, « pourvu qu’il n’y soit fait aucune mention de la religion, du gouvernement ou des nouvelles touchant les affaires présentes, à moins qu’il ne fût autorisé du gouvernement » — L’Observateur.