Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/153

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hommes d’honneur et de connaissances ; ce sont là des hommes à qui vous devriez demander des renseignemens et des avis : les chefs de factions, les démagogues de partis, ne me voient point, et ne peuvent me connaître. »

Après de longues remarques sur ses intentions et ses démarches, le gouverneur requiert de toutes les personnes bien disposées, et particulièrement des curés et ministres de la religion, de faire « les plus grands efforts pour empêcher les mauvais effets des actes incendiaires et traîtres », dont il a parlé ; et il enjoint strictement à « tous magistrats, capitaines de milice, officiers de paix, et autres bons sujets de sa Majesté, de chercher diligemment à découvrir, tant les auteurs que les éditeurs et disséminateurs d’écrits méchants, séditieux et traîtres, et de nouvelles fausses, tendant à enflammer les esprits et à troubler la paix et la tranquillité publique ».

Si les écrivains du Canadien avaient été « industrieux » pour disséminer leurs productions, Sir James Craig ne le fut pas moins pour répandre partout sa longue et fulminante proclamation : des messagers furent envoyés dans tous les coins de la province, pour en distribuer des exemplaires ; « et, dit M. Robert Christie[1], le bruit d’une insurrection et d’une rebellion se répandit au-dehors, et fut répété par le Monde, à une époque qui ne fournit pas un exemple unique du procès, encore moins de la condamnation d’un seul habitant de la colonie, comme coupable de trahison ou de sédition. »

D’après le désir du gouverneur, la proclamation fut lue, en quelques endroits, dans l’église, pendant le service divin ; en d’autres, à la porte de l’église, à l’issue de ce service. À Québec, l’évêque prononça un discours éloquent, dans lequel, après avoir parlé de la loyauté du

  1. Memoirs of the Administration of Sir James H. Craig.