Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/235

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penser et à parler comme leurs compatriotes de Montréal[1]. Il n’en fut pas ainsi dans le Haut-Canada : la majorité de la population s’y prononça, plus ou moins énergiquement, contre l’Union, et surtout contre la teneur du bill par lequel on l’aurait imposée aux deux provinces[2].

Dans le Bas-Canada, il y eut des assemblées constitutionnelles, comme on les appella, dans tous les comtés ; il y en eut de particulières dans un grand nombre de paroisses ; enfin, tous les Canadiens d’origine française se déclarèrent fortement opposés au changement projetté. Presque tous les Anglais du Bas-Canada se montrèrent favorables à ce changement, excepté à Québec, aux Trois-Rivières, et dans quelques grands villages, où il y eut parmi eux diversité d’opinion.

Les assemblées publiques produisirent des résolutions, et de ces résolutions sortirent des requêtes au roi et aux deux chambres du parlement impérial. La requête des Canadiens fut couchée en termes modérés, et on ne

  1. Leur faisant vouloir à autrui ce qu’ils n’auraient pas voulu pour beaucoup voir arriver à eux-mêmes, on leur fait dire : « Le présent état des choses tend évidemment à la conséquence alarmante (pour les habitans des townships), de voir leur postérité induite ou forcée à apprendre la langue et à prendre les mœurs d’un peuple étranger. » Les loyalistes de Saint-Armand, en conséquence de l’origine étrangère d’une partie de la population, avaient devant les yeux la perspective humiliante et pénible de leur postérité condamnée à acquérir le langage et à prendre les mœurs et lecaractère d’un peuple étranger. »
  2. D’après leurs résolutions, les habitans du Haut-Canada « étaient satisfaits de la constitution du gouvernement accordée à leur province par l’acte du parlement britannique passé dans la 31ème année du règne de George III, et ils espéraient fermement qu’elle serait maintenue dans sa pureté, et transmise intacte à leur postérité ; ils croyaient que les dispositions du bill de l’union et du gouvernement du Canada, introduit dans la chambre des communes d’Angleterre, restreindraient, de la manière la plus préjudiciable, leurs droits constitutionnels et leurs libertés ».