L’union projettée des législatures du Canada fut de bonne heure prise en considération dans les deux chambres de la province inférieure : l’assemblée fut presque unanime contre la mesure ; le conseil s’y montra opposé à une majorité de quatre ; les membres canadiens s’étant fait un devoir d’être à leur poste dans le temps de la discussion[1].
La libéralité de l’assemblée fut extraordinaire à l’égard du lieutenant-gouverneur, Sir Francis Nathaniel Burton : ses appointemens, qui avaient été fixés à £1,500 par le gouvernement, furent doublés, à la recommandation du gouverneur-général[2].
Les habitans des townships de l’Est s’étaient plaints que leurs intérêts avaient été entièrement négligés par la chambre d’assemblée ; pour leur prouver que leurs plaintes étaient mal fondées, ou qu’elles deviendraient telles, si elles étaient renouvellées, cette chambre se prêta volontiers à l’érection en leur faveur d’un second district inférieur, ayant juridiction civile et criminelle. Il se composa, sous le nom de District inférieur de Saint-François, d’un nombre de townships des districts de Mont-réal et des Trois-Rivières, et eut pour chef-lieu le village de Sherbrooke.
- ↑ Les honorables J. Richardson, H. W. Ryland, C. W. Grant, James Irvine, R. McKenzie et W. B. Felton protestèrent contre la décision de la majorité.
- ↑ Le lieutenant-gouverneur, quand le gouverneur-général est présent, est un officier à peu près sans fonctions : à plus forte raison est-il un sinécuriste, quand il est absent. Le 7 mars 1821, la chambre d’assemblée avait résolu, « qu’il n’était pas juste que la province fût chargée du paiement d’appointemens à un lieutenant-gouverneur dont elle ne retirait aucun service » ; et elle avait prié le gouverneur-général « de suspendre le paiement de ses appointemens, jusqu’à ce qu’il résidât dans la province, et y remplît les devoirs de son office ». Cette résolution et cette prière avaient fait résoudre Sir Françis N. Burton à venir en Canada. La chambre avait aussi prié, le même jour, le gouverneur, de retenir les appointemens de ceux des conseillers exécutifs qui étaient absents de la province.