Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/278

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la chambre ». Bien qu’en protestant qu’il n’avait pas eu l’intention d’insulter le comité des Impressions, encore moins de violer les priviléges de l’assemblée, M. Collins se fût épargné une punition plus sévère, il n’en crut pas moins pouvoir, après la prorogation, donner carrière à son ressentiment, peut-être à un sentiment consciencieux. Ce qui lui tenait le plus au cœur, c’étaient l’accord et l’harmonie qui avaient régné, durant la session, entre le lieutenant-gouverneur et la chambre d’assemblée : malgré que, durant la levée, Sir Peregrine Maitland eût reçu de toutes parts des adresses qui devaient être regardées, suivant le sieur Collins, comme des libelles contre la majorité de l’assemblée, cette chambre s’était montrée, durant la session, l’humble servante de son Excellence ; d’où étaient résultés, conséquemment, le déshonneur, la dégradation, une insulte aux sentimens, un tort grave aux intérêts du peuple. Ce qui mettait le comble au mal, suivant M. Collins, c’est que le lieutenant-gouverneur et la chambre d’assemblée s’étaient séparés fraternellement, après avoir passé amicalement l’acte des Aubains (Alien Act), ou de Naturalisation ; mesure pernicieuse, cause « d’un mécontentement, d’une alarme et d’un découragement, qui, déjà, dans un grand nombre de localités, avaient arrêté totalement toute espèce d’amélioration ». L’acte, quel qu’il fût, ne pouvait pas avoir eu un effet aussi prompt : le but du journaliste était seulement de faire entendre qu’il devait avoir cet effet ; ou en d’autres termes, que le peuple devait être mécontent, et témoigner hautement son mécontentement. La même doctrine ne tarda pas à être prêchée dans le Bas-Canada.

Laissant là, pour un moment, la tactique de la presse périodique, devenue un puissant instrument d’irritation et d’agitation des esprits, pour ne pas dire de désorga-