Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/287

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Quelquefois, dans ce qui était écrit pour le peuple, le gouverneur était donné indirectement comme l’ennemi du roi, ou comme un violateur d’instructions royales[1]. À force de répétitions non-contredites, on devait réussir à faire regarder comme vrais des principes faux, vus comme tels, au premier coup-d’œil ; par exemple, qu’il n’est pas permis à un gouvernement attaqué de se défendre ; qu’un gouvernement est obligé de garder dans son emploi des hommes qui se déclarent ses adversaires ; — qu’il est permis à des hommes commissionnés par un gouvernement de se prévaloir contre lui de l’influence que leur procurent les honneurs qu’il leur a conférés durant bon plaisir, si ses mesures ne leur plaisent pas, bien que la voie de la non-acceptation et celle de la démission soit ouverte à tous ; — qu’il est licite de tenter directement de faire tomber dans la haine et le mépris du peuple l’administration du gouvernement et de la justice, et que conséquemment, en lui prescrivant, dans l’enfance ou dans la jeunesse, le respect envers les supérieurs, on lui avait inculqué une maxime fausse, ou du moins imposé un devoir de surérogation.

On put, par ces moyens, parvenir à faire regarder l’agitation bruyante et tumultueuse de l’été de cette année, comme aussi nécessaire que la grande démonstration populaire, mais paisible, de l’automne de 1822, bien qu’il y eût cette énorme différence, qu’en 1822, il s’agissait de défendre « nos institutions, notre langue et nos lois », et en 1827, de soutenir les prétentions insoutenables de la majorité de la chambre d’assemblée, c’est--

  1. « Les élections de la province sont presque finies. Les amis du roi, de la constitution et du pays, ont remporté une victoire signalée. Les employés de l’administration de Lord Dalhousie, et l’administration elle-même, ont éprouvé une désapprobation générale et formelle. » — Le Canadian Spectator, traduit par le Spectateur Canadien.