Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/29

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marques publiques de respect et de vénération que sa circonspection et sa modestie lui permirent d’accepter.

Plusieurs des habitans, tant Canadiens qu’Anglais, avaient envoyé en Angleterre des représentations contre le système de judicature nouvellement établi, et contre divers procédés du gouverneur Murray et de son conseil. Le sujet avait d’abord été pris en considération par le bureau des plantations, et ensuite référé au procureur-général et au solliciteur-général. Ces deux messieurs avaient présenté, le 4 avril 1766, un rapport où ils disaient, entre autres choses : « Qu’après s’être aidés des renseignemens qu’avaient pu leur donner sur le sujet, M. Louis Cramahé, sécrétaire du gouverneur, et M. Fowler Walker, agent de la province, ils en étaient venus à voir évidemment, que les deux principales sources des désordres qu’il y avait eu dans la province, étaient :

1o. La tentative de conduire l’administration de la justice sans l’aide des anciens habitans du pays, non seulement dans des formes nouvelles, mais encore dans une langue qui leur était entièrement inconnue : d’où il arrivait que les parties n’entendaient rien à ce qui était plaidé ou déterminé, n’ayant ni procureurs ni avocats canadiens pour conduire les causes, ni jurés canadiens pour porter la décision, même dans les procès entre Canadiens, ni juges au fait de la langue française, pour déclarer qu’elle était la loi et prononcer le jugement. D’où devaient résulter les maux réels de l’ignorance, de l’oppression et de la corruption ; ou, ce qui est presque équivalent aux maux eux-mêmes, dans le gouvernement, le soupçon et la croyance qu’ils existent.

2o. L’alarme causée par l’interprétation donnée à la proclamation du roi, du mois d’octobre 1763, laquelle