Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/51

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être envoyés, comme les représentans de votre province, au second congrès général de ce continent, qui doit ouvrir ses séances à Philadelphie, le 10 mai 1775… Votre province est le seul anneau qui manque pour compléter la forte chaîne de notre union ; que nos intérêt politiques soient communs ; leur propre bien-être ne permettra jamais aux autres Américaine de vous abandonner ou de vous trahir ; et soyez bien persuadés que le bonheur d’un peuple dépend absolument de sa liberté et de son courage pour la maintenir. »

Cette lettre, ou invitation, était adressée au sieur François Cazeau, riche négociant de Mont-réal, et homme influent, non seulement dans la colonie, mais encore chez les Sauvages, par l’étendue de son commerce et par le nombre de ses employés ; et elle lui fut remise par le sieur Thomas Walker, (le même dont il a été parlé plus haut,) devenu partisan des Américains[1]. M. Cazeau, Français de naissance, s’était déjà montré ouvertement « l’ami de sa patrie et de la liberté », comme il s’exprime lui-même, et il croyait servir l’une et l’autre, en embrassant avec ardeur le parti des colonies insurgées ; mais malgré son influence, et le zèle qu’il mit à faire répandre dans toutes les parties de la province, des exemplaires de la lettre du congrès, cette lettre ne produisit pas, à beaucoup près, tout l’effet que ses auteurs s’en étaient promis. Le tact politique leur avait manqué en la rédigeant, et il s’en fallait qu’elle pût être regardée par ceux à qui elle était adressée, comme un chef-d’œuvre de littérature ou de diplomatie. Le style

  1. Quand on a vu le gouvernement d’Angleterre, indigné du traitement fait au sieur Walker, s’empresser d’ordonner que justice lui fût rendue, on serait fâché d’être obligé de croire que la haine seule du despotisme colonial eût pu le rendre ingrat, ou ne pas l’empêcher de donner de lui à ses protecteurs une idée toute différente de celle qu’ils en avaient eue.