Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ressources : leur première incapacité de se défendre se serait conservée dans leur souvenir, aussi longtems que les objets de leur première terreur auraient existé sur leurs frontières. Mais l’Angleterre ne les a délivrés de ces craintes vives et habituelles, que leur inspirait le voisinage des Français, que pour éprouver leur ingratitude ».

Il était dit, dans la « Déclaration », qu’on était bien informé que le général Carleton, gouverneur du Canada, n’épargnait rien pour engager les habitans de cette province et les Sauvages à venir fondre sur les Américains.

En effet, ne pouvant réussir à ébranler l’opinion publique, qui inclinait vers la neutralité, Carleton proposa une levée de volontaires, auxquels il offrait les conditions les plus avantageuses : on accordait à chaque soldat deux cents arpens de terre ; cinquante de plus, s’il était marié, et cinquante pour chacun de ses enfans ; son engagement ne devait durer que jusqu’à la fin de la guerre, et les terres qu’on lui donnait étaient exemptes de toutes charges pendant vingt ans. Ces offres n’ayant pas tenté un grand nombre d’individus, le général crut devoir chercher ailleurs d’autres secours. Il envoya des émissaires chez les Sauvages, et s’adressa particulièrement aux cantons Iroquois. Quinze années de paix avaient fortifié cette confédération : elle reprenait son ascendant sur les autres tribus indigènes ; son exemple pouvait les entraîner, et procurer à la Grande-Bretagne d’autres auxiliaires. Mais il fallait de l’adresse et de puissants moyens de séduction pour déterminer les Iroquois à prendre part à une guerre où ils n’avaient aucun intérêt direct, aucun motif de préférence pour l’un ou l’autre parti. Les vieillards regardaient ces débats, et les combats sanglants qui