Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/72

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réglées, aurait voulu y joindre au moins 2, 000 Canadiens ; mais on n’en put réunir que quelques centaines.[1]

Un corps de Sauvages, Iroquois, Abénaquis, Algonquins et Outaouais, commandés par M. de Saint-Luc, rejoignirent l’armée sur la rive occidentale du lac Champlain. Le 20 juin, Burgoyne leur donna le banquet de guerre. Dans le discours qu’il leur adressa, en cette occasion, il chercha à exciter leur ardeur pour la cause du roi, et à réprimer en même temps leur barbarie accoutumée, en leur ordonnant d’épargner les vieillards, les femmes et les enfans, et en leur défendant de répandre le sang autrement que dans le combat, et d’enlever la chevelure aux blessés. Mais il leur permit de l’enlever aux morts ; et dans la proclamation qu’il publia le lendemain, il parle des Sauvages qui l’accompagnaient, comme disposés à massacrer, avec leur férocité ordinaire, tous les ennemis de la Grande-Bretagne, qui leur tomberaient entre les mains. Était-il de la convenance politique de paraître vouloir laisser la carrière libre à la barbarie des Sauvages, lorsque réellement on se proposait de la restreindre, et de menacer de maux qu’on n’avait pas dessein d’infliger ? C’était au moins vouloir inutilement paraître inhumain. On aurait évité de se mettre dans cette étrange position, en se passant d’un secours qui ne valait peut-être pas ce qu’il devait coûter. La France et l’Angleterre avaient pu être justifiables d’employer les Sauvages, lorsque c’était pour combattre d’autres Sauvages, leurs ennemis ; mais quand ces puissances les employèrent pour faire des incursions sanglantes, et par là multiplier et rendre plus cruels les maux de la guerre, elles furent, selon nous

  1. « Cette nation ne cherchait pas à se jetter dans une guerre d’invasion, qui pouvait exposer à des représailles sur son propre territoire. » — M. Roux de Rochelle.