Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/121

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parti et de vengeance voulut donner un démenti formel au grand-jury et au gouverneur, en induisant quelques-uns des témoins à charge du jury du coroner, ou d’autres individus, à déposer de nouveau contre le colonel McIntosh et le capitaine Temple, devant un juge de paix, et ce magistrat crut qu’il était de son devoir, ou qu’il avait le pouvoir d’émaner contre eux un ordre ou mandat d’amener. Ces officiers ne parurent pas devant le juge de paix, mais se rendirent à la cour où, vu l’étrangeté, ou la nouveauté du procédé, il y eût de nouvelles discussions, qui se terminèrent par la déclaration que le mandat était illégal, parce que entre autres raisons une autorité inférieure n’avait pas le droit de défaire ce qu’avait fait une autorité supérieure.

Cette nouvelle décision, ou cette confirmation du verdict du grand-jury ne rendit pas moins acrimonieuse la rédaction de la Minerve et du Canadien, et le Herald, et la Gazette combattaient par la violence la violence de ces journaux, employant contre ce qu’ils appelaient la faction révolutionnaire les termes les plus énergiques et les plus injurieux que leur pouvait fournir la langue anglaise. La Gazette de Québec ne les combattait pas encore, mais à son défaut, il y avait l’Ami du Peuple[1], qui par ses rédacteurs ou ses correspondans, les prenait à partie sérieusement, ou

    titution*. Ce n’était pas assez d’avoir insulté à un peuple généreux, il fallait encore que le représentant de notre Souverain confirmât l’assassinat des sujets qui lui ont été confiés par son auguste maître et qu’il en complimentât les meurtriers du ton le plus outrageant et le plus dérisoire pour le peuple canadien. »

    * Le 24 mai, la Gazette de Québec pouvait avoir été trompée par les récits de la Minerve, mais au commencement de septembre, le Canadien trompait, en voulant faire croire que les trois individus tués au milieu de la foule ameutée, exerçaient alors, ou allaient exercer le droit de voter. Quant à ses noires calomnies, il paraît qu’elles ne furent punies que par le mépris le plus profond.

  1. Rédigé par les MM. Rambeau et Bibaud. — (Éd.)