Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/135

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mens du 21 mai, et d’examiner les plaintes contenues dans la pétition, pour, si elles étaient fondées, prévenir la répétition des scènes qui s’étaient passées. » M. Stuart ne trouva pas cette explication suffisante. « Les lois, dit-il, pourvoient à la punition des offenses. La chambre va-t-elle remplacer les tribunaux ?… c’est s’arroger une autorité illégale, subversive de la loi… Les lois ne donnent point le pouvoir qu’on veut faire usurper à la chambre. Quand une pétition serait signée de 30, 40, 50,000 personnes, que pourrait-elle signifier ? c’est la loi seule qu’il faut écouter. Une enquête tracassière comme celle-ci tend à renverser la loi du pays, le gouvernement et la justice. »…

Cette résistance inattendue, cette opposition, (de raison, cette fois,) à l’enquête qu’on voulait faire sur « les causes des événemens désastreux qu’on avait à déplorer », fournit à M. Papineau l’occasion d’un long discours, « prononcé avec chaleur », qu’il fût « impossible de rapporter en entier », mais qui fût rapporté assez au long pour y faire voir ou soupçonner un but bien moins louable et tout autre que celui de connaître eu de faire connaître la vérité. Ayant dit, en finissant, qu’il était sûr de la coopération de ceux qui étaient vraiment canadiens, comme de l’antipathie de ceux qui ne l’étaient pas, M. Stuart reprend la parole : « L’orateur, dit-il, veut créer des distinctions nationales ; si l’on doit éprouver des alarmes, c’est lorsqu’il parle de la sympathie des Canadiens et de l’antipathie des Anglais. L’orateur ne doit pas agiter ainsi les esprits ; c’est lui qui cause de l’effroi, quand il devrait donner l’exemple de la modération. La position qu’il prend ne convient pas à sa dignité. »…

La sortie de M. Stuart contre l’orateur ; son opposition à l’enquête, déplaisent fort à M. Elzéard Bedard,