Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/216

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corps ainsi constitués[1] ?… Je ne vois pas dans le conseil législatif un corps qui soit un opprobre, mais qui a servi et servira d’échec à l’effervescence des passions qui règnent quelquefois dans cette chambre-ci. Si les rois ont leurs flatteurs, les peuples ont aussi les leurs. N’est-ce pas une flatterie faite au peuple que de chercher à lui donner des institutions plus démocratiques que celles que nous avons ? Ces flatteurs du peuple veulent lui faire croire qu’il est malheureux quand il est heureux. Ce sont ces flatteurs de mauvaise foi qui le perdent. Les Canadiens sont heureux, contents, paisibles. Comment le peuple, dont les neuf-dixièmes sont agricoles, souffrirait-il des petites injustices et des cabales que font la chambre et le conseil. J’appellerai encore l’attention des membres à la 50ème résolution, qui va à dire, faites ce que nous demandons, ou attendez-vous à nous voir nous ruer contre vous, et imiter l’exemple des États-Unis. N’est-ce pas là une déclaration de guerre ? De quelles autres expressions se servaient les Américains, quand ils se sont révoltés, eux qui étaient si bien gouvernés ? Nous, qui sommes plus mal gouvernés qu’eux, nous avons sans doute de plus fortes raisons d’adopter leur démarche. En bonne foi, est-il prudent d’adresser un pareil langage à la mère-patrie ? Quelles sont les ressources du pays ? Et quand même on ne voudrait pas recourir à ces moyens extrêmes, il n’en est pas moins vrai que ces résolutions devront exciter des soupçons contre la loyauté des Canadiens. Je nie pourtant qu’on y ait exprimé leurs vœux et leurs sentimens. Il n’y a

  1. « Dire que la minorité » doit être en tout et partout soumise à la volonté de la majorité, c’est un principe qu’on pourrait tourner contre nous, si l’union des provinces avait lieu, ou si, par l’émigration des Îles Britanniques, ou des États-Unis, la population de langue anglaise devenait la plus nombreuse. » — L’Ami du Peuple.