Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/303

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indirectement, menacé, opprimé, tyrannisé plusieurs officiers de la cour, siégé illégalement, s’était absenté du district ; au grand préjudice des sujets de sa Majesté, s’était lié d’intimité, à la dernière élection, avec les ennemis déclarés de la liberté du peuple. Enfin le dit juge avait outrepassé sciemment sa juridiction, et substitué sa volonté à la loi du pays, et par sa conduite, ses actes, ses opinions, ses liaisons, et ses intrigues, avait fait perdre aux sujets de sa Majesté toute confiance dans la cour provinciale, et amené un état de choses tout à fait propre à aliéner l’affection des susdits sujets de la personne et du gouvernement de sa Majesté. »

Des accusations ainsi formulées devaient être bien accueillies par une majorité qui, sans doute, ne voulait pas qu’on prît des voies indirectes ou détournées pour faire perdre au peuple son affection pour la personne et le gouvernement de sa Majesté, et elles devaient être faciles à prouver contre un homme qui nuisait par son absence comme par sa présence ; qui faisait le mal sciemment, quoiqu’il ne dût pas savoir ce qu’il faisait ; qui exerçait une influence indue, bien qu’il dut être sans influence quelconque ; enfin, entaché de tous les vices et défauts imaginables ; et, de plus, coupable de hauts crimes et délits. »

Il n’en fallut pas tant pour faire accueillir favorablement l’accusation portée par un jeune clerc-avocat du nom de Hart contre l’honorable Edward Bowen, un des juges du district de Québec. C’était M. Gugy qui s’était chargé de présenter la plainte ou requête de M. Hart. Elle était « vague, indéfinie, mal libellée, mal faite : » elle accusait généralement M. Bowen d’avoir été partial, d’avoir été corruptible, ou corrupteur ; d’avoir été mû par la passion, sans spécifier où, quand, ni comment. Elle n’en fût pas moins référée au comité