Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/32

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que des mains moins pures ne le fassent. Le résultat est la corruption dans la chambre, et par suite dans la société, parce que nous sommes forcés de devenir les dilapidateurs du trésor public pour une foule d’objets qui ne sont pas d’une urgente nécessité. Si nous ne votons pas les subsides, on se rira de nous ; avec £44,000 que l’on prétend appartenir de droit à la couronne, et 12 ou 13,000 l., à la prérogative royale, nous sommes réduits à faire des lois pour des ponts. Il n’y a pas, selon moi, de loi plus inique que l’acte du Commerce du Canada : il anéantit tous les droits des sujets britanniques, et si l’on suivait mon avis, la chambre ne ferait pas un pas de plus avant que cet acte ne fût abrogé. »

Ce fut la douzième proposition qui occasionna les débats les plus extraordinaires, les discours les plus étranges, les déclamations les plus opposées à la convenance, à la prudence et à la loyauté.

M. Lee paraît avoir parlé le premier après M. Neilson. « Qui ne comprendra, dit-il, que le parlement impérial n’ait accablé cette province de maux dans ses dispositions législatives ? L’acte constitutionnel si vanté n’est pas digne d’un peuple qui a droit à de plus grandes libertés. Fox, loin d’apercevoir dans cet état de choses le prototype[1] de la constitution britannique, n’y entrevit que les élémens de la tyrannie. M. Burke sentit que le pays n’aurait pas l’influence qu’il devait avoir ; il prédit même alors, que le conseil législatif ne serait qu’une créature du gouvernement. En 1688, même en Angleterre, l’aristocratie était devenue nulle ; et peut-on se flatter de trouver dans ce pays ce qui peut composer une aristocratie ?

  1. La constitution britannique pouvait être le prototype de notre acte constitutionnel, mais il n’y avait pas réciprocité.