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DU CANADA.

peuple au nom duquel on prétendait parler, combien était inconvenante la démarche à laquelle on avait recouru, et indécent le langage dont on s’était servi.

L’adresse d’une assemblée tenue à Toronto surpassa de beaucoup celle du conseil de ville, par l’impertinence, la grossièreté et la trivialité du langage. On s’y prenait surtout un peu tard pour trouver dans les paroles dont s’était servi le colonel Simcoe, le droit d’avoir un ministère, un gouvernement uniquement responsable au peuple de la colonie, c’est-à-dire à la majorité de la chambre d’assemblée. Dans sa réponse à cette adresse, Sir Francis dit, entre autres choses :

« Le colonel Simcoe, en déclarant que la constitution dont il était porteur était la vraie traduction de la constitution britannique, n’a pu par là en changer l’essence. Le colonel Simcoe, qui, sans doute, était autorisé à définir la nature de cette constitution, n’a pas créé le ministère dont vous parlez, et jamais il n’exista de ministère dans la colonie, si ce n’est le gouverneur lui-même, qui est le ministre responsable de la couronne… Je vois qu’on fait tous les efforts possibles pour aveugler le public, et pour créer les passions les plus violentes. Je n’abandonnerai jamais la responsabilité que je dois au peuple de cette province, j’ai confiance en son honnêteté, et je sens que plus je serai assailli par une faction, plus je pourrai compter sur son appui ; et si l’on veut continuer l’intimidation, elle réagira bientôt sur ceux qui veulent y recourir. »

La réplique à la réponse, (car les mémorialistes voulurent avoir le dernier mot,) fut encore plus grossière et plus insolente que l’adresse. « Votre Excellence dit qu’elle est venue ici pour exécuter une réforme, mais ses prédécesseurs ont souvent fait la même promesse, qui n’a jamais été remplie. C’est là