Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/35

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en législation, que l’on n’a fait que pour les deux Canadas… On ne s’est pas avisé de donner un corps législatif, nommé à vie par l’Exécutif[1], au Nouveau-Brunswick et à la Nouvelle-Écosse[2], parce que l’on a senti la contradiction de nommer une seconde branche qui ne pouvait que se livrer aux mêmes excès que ceux qui avaient le pouvoir de les nommer, de les acheter… Notre constitution a été fabriquée par un ministre tory, agité par les frayeurs de la révolution française… Fox avait bien prévu et prédit que notre conseil législatif serait couvert du ridicule dont il est aujourd’hui abreuvé. »

M. Papineau, qui a goûté la proposition de M. Bourdagcs, se prononce contre celle de M. Lee, c’est-à-dire contre un conseil législatif électif, et essaie de se tirer de la contradiction où il s’est mis avec lui-même : mais comme il y a loin de la réticence, ou d’un simple témoignage de satisfaction, ou de reconnaissance à un éloge emphatique et outré, au lieu de dire que le peuple avait été bien conseillé, il aurait dû dire que le peuple avait été trompé par le langage de ceux qui l’avaient conseillé, qui n’aurait été que celui de la dissimulation.

Après avoir dit que l’administration et ses vils suppôts étaient trop puissants en Angleterre, pour que nous puissions nous flatter que notre voix serait entendue, si nous avions parlé d’innover, M. Papineau se montre encore plus confiant et plus crédule que M. Bourdages, par la raison qu’il voit sous des couleurs plus noires le corps qui l’offusque ; et qu’il prend l’opinion de quelques niveleurs anglais pour celle de

  1. On s’est servi, et l’on se sert encore dans ce pays, du mot exécutif, comme substantif, pour signifier le gouvernement.
  2. Si on ne l’avait pas fait, on ne tarda pas à le faire.