Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/44

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dans ses autres colonies, a donc été sage, et celle de l’introduire ici[1], une œuvre, ou de folie, ou de méchanceté, ou d’imitation servile et irréfléchie de ce qu’elle voyait exister chez elle, et dont elle ne pouvait pas nous donner la réalité, mais seulement un hideux simulacre. Pouvait-on imaginer qu’au 19e (18e) siècle, et dans les forêts de l’Amérique, il était possible de faire goûter à une population toute propriétaire et qui vit dans l’abondance[2], sans avoir besoin de la protection de personne, qui ne s’agenouille que devant son créateur, des constitutions qu’elle ne put trouver que folles et bizarres : des institutions lucratives, au milieu d’hommes pauvres ne peuvent qu’être des sinécures. »

Après un éloge pompeux et admiratif des institutions des États-Unis, M. Papineau continue : « Y a-t-il jamais eu d’autres colonies auxquelles des ministres aient commis l’ineptie de demander une liste civile pour la vie du roi[3] ? C’est un des fruits amers de

  1. Elle trouva ici ce qui ne se trouvait dans aucune de ses propres colonies, une aristocratie, ou une classe nobiliaire. « Le mal fut dans l’origine, que l’aristocratie canadienne ne fut pas assez représentée dans le conseil législatif ; que les négocians nés hors du pays, sinon simplement passagers dans le pays, y furent trop nombreux. Plusieurs grands propriétaires seigneuriaux furent laissés de côté pour faire place à des hommes nouveaux, et presque inconnus dans le pays, et l’on vit dans la première chambre d’assemblée M. de Salaberry, M. de Rouville, M. de Lotbinière, et autres, qui auraient sûrement mieux figuré dans le conseil législatif que plusieurs de ceux qui s’y trouvaient. — L’Observateur.
  2. Il l’avait donnée, plus haut, et il va la donner encore, plus bas, pour pauvre, mot qui, d’après le sens ou l’intention de la phrase, doit être pris au superlatif, et signifier, très pauvre. Mais M. Papineau n’est pas le seul qui se contredise d’un moment à l’autre. Plusieurs de ceux qu’on entend parler dans ces séances orageuses, tombent dans ce défaut, et M. Neilson plus souvent peut-être que bien d’autres.
  3. Elle put d’abord les trouver étranges ou étrangers ; mais combien plus n’aurait-elle pas été étonnée et stupéfaite, si elle avait vu des hommes tirés de son sein, vivant, ou ayant vécu comme elle au milieu des forêts, prétendre en savoir beaucoup plus que « les plus grands hommes d’état dont l’Angleterre puisse s’ho-