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repoussé, ridiculisé même l’idée, dans la précédente session. Mais quoiqu’ils eussent trouvé un auxiliaire violent dans M. Lee, et un auxiliaire modéré dans M. Mondelet, ils furent combattus victorieusement par MM. Neilson, Quesnel, Gugy et Laterriere[1].

Pendant que ces discussions bruyantes et ces altercations avaient lieu dans l’enceinte de la chambre d’assemblée, l’état de la société était troublé, hors de cette enceinte, par la licence effrénée de la presse périodique et par ses funestes conséquences. Mais il faut reprendre les choses d’un peu plus haut, en commençant par le Haut-Canada.

De nouvelles élections avaient donné à cette province une chambre d’assemblée différente de la dernière dans sa composition. Les niveleurs y étaient en moindre nombre ; le parti opposé à une réforme des abus réels, ou à une réforme trop prompte de ces abus, y étaient peut être trop nombreux, mais l’har-

  1. « A-t-il demandé l’opinion du peuple, lorsqu’il a rédigé ses treize propositions de l’année dernière ? » M. Bourdages, parlant de M. Neilson. Malencontreusement M. Neilson et M. Quesnel combattent la proposition de M. Bourdages, sur le principe que le changement n’a pas été demandé par le peuple, sans réfléchir que si « le peuple a été bien conseillé » une fois, il peut être mal conseillé une autre fois, et qui pis est, « agité » le premier avant, le dernier après que M. Gugy eût cité le passage suivant d’un discours de Fox en parlement :

    « Supposons que le peuple, au lieu de cette monarchie mixte, que nous célébrons comme étant également l’orgeuil et l’envie de l’univers, nous donne pour instructions, à nous, ses représentants, d’introduire une forme démocratique de gouvernement, nous comporterions-nous en bons sujets du roi, et en fidèles gardiens de notre pays, si nous agissions conformément à des instructions aussi dangereuses ? Nous avons juré de maintenir la constitution dans sa présente forme, de maintenir les priviléges du parlement dans une partie essentielle de la constitution, et de n’empiéter ni sur la juridiction légitime des pairs, ni sur la juste prérogative du souverain. Ferons-nous donc ce qui est mal, parceque le peuple le désire, et tandis que nous sommes constitués pour garder avec l’œil du dragon le fruit de la liberté du jardin des Hespérides, serons-nous les seuls esclaves dans la nation ? »

    « Quand bien même ces résolutions seraient convenables, on choisit mal le temps pour les proposer. Ce n’est pas se conduire