Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/99

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« la cérémonie triomphale », de la « dénigrer » : les gens du commun, « Canadiens, Irlandais et Américains », y allaient sans doute de bonne foi et sans mauvaise intention, et quant aux individus d’un rang plus élevé, les uns pouvaient y être par pure curiosité, et d’autres, dans le but louable d’empêcher toute infraction de la paix publique. On pouvait aussi trouver bon ou juste qu’il fût offert aux deux imprimeurs, et particulièrement à celui qui avait souffert pour le fait d’autrui, quelqu’espèce de consolation, quelque marque de condoléance : on pouvait les féliciter d’avoir vu le terme de leur emprisonnement, de se retrouver au sein de leurs familles et au milieu de leurs amis ; mais on ne devait pas tromper le peuple, encore moins démoraliser la populace, en lui faisant regarder comme licite et louable ce qui, moralement parlant, est toujours et partout, condamnable.

Le récit ne dit pas si les médailles furent présentées aux triomphateurs sur la place de la liberté, mais elles leur étaient offertes par « les citoyens de Montréal », et elles signalaient et constataient pour l’avenir un fait historique important, la « défaite du conseil législatif en 1832 ».

Pour dire encore un mot de la licence de la presse, ce fléau destructeur de la civilisation, que la Minerve infligeait au pays depuis quatre mois, le Canadien semblait l’approuver[1], et la Gazette de Québec ne vou-

  1. Nous pensons que le gouvernement même est intéressé à ce que la liberté de la presse soit illimitée, sous le rapport des opinions politiques, de celles mêmes qui mettent son existence en question*.

    * Quelle réponse aurait faite le Canadien à la question : Est-il permis au premier énergumène venu d’écrire ou de dire frénétiquement au peuple, par exemple, que le roi est un tyran, et qu’il faut le détrôner, que la chambre des lords, ou des pairs, est une nuisance publique, et qu’il faut l’abolir; que la chambre des communes est