Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/125

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hostilités entre les particuliers auxquels, d’après la mauvaise politique du temps, le pays avait été partagé. Les plus notables de ces particuliers étaient M. de Latour ; les sieurs Le Borgne, père et fils, de la Rochelle, qui avaient succédé au sieur de Charnisé, au Port Royal et ailleurs, et le sieur Denys. Ce dernier avait obtenu la côte orientale, depuis Camceaux jusqu’à Gaspé ; il y avait bâti le fort de Chédabouctou, et celui de Saint-Pierre, dans l’Île Royale, où il avait aussi commencé un établissement. M. Denys était un homme de mérite, à vues droites, et à conceptions vastes ; mais les sieurs Le Borgne, et le nommé Lagiraudière, qui avait aussi obtenu une concession de terres en Acadie, et particulièrement le port de Camceaux, ne se montrent que comme d’indignes intriguans, ou plutôt, comme des aventuriers sans foi, sans probité, plus dignes de commander à des flibustiers, que capables de former des établissemens solides, dans un pays nouveau. Les aggressions injustes, les usurpations dont ils se rendirent coupables, rappellent, selon la remarque d’un historien, « ces petits seigneurs féodaux, qui attaquaient leurs castels, dès qu’ils étaient mécontents les uns des autres. » Enfin, Hubert d’Andilly, chevalier de Grand-Fontaine, avait succédé à ces particuliers, en 1670, comme gouverneur, pour le roi, de toute l’Acadie, depuis la rivière de Kinnibequi, ou Kennebec, jusqu’au fleuve Saint-Laurent.

On avait songé, à la cour de France, à mettre cette province en état d’être secourue promptement, du côté de Québec, au moyen d’une route commode entre cette capitale et le Port Royal, ou le fort de Saint-Jean, ou même Pentagoët : M. Patoulet, commissaire de