Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le P. Millet, qui tomba, quelque temps après, entre les mains des Onneyouths, fut d’abord destiné au supplice du feu, et n’en fut préservé que par la générosité d’une matrone, qui l’adopta pour son fils. Le P. Lamberville, qui était demeuré entre les mains des Onnontagués, ne dut son salut et sa liberté qu’à la grande estime et au sincère attachement qu’on avait pour lui, dans ce canton. À la première nouvelle de ce qui venait de se passer à Catarocouy, les anciens le firent venir devant eux, et après lui avoir exposé, avec toute l’énergie d’une première indignation, le fait qu’ils venaient d’apprendre, l’un d’eux lui dit : « Tu ne peux disconvenir que toutes sortes de raisons nous autorisent à te traiter en ennemi ; mais nous ne pouvons nous y résoudre : nous te connaissons trop pour n’être pas persuadés que ton cœur n’a point eu de part à la trahison que tu nous as faite, et nous ne sommes pas assez injustes pour te punir d’un crime dont nous te croyons innocent, et dont tu es, sans doute, au désespoir d’avoir été l’instrument. Il n’est pourtant pas à propos que tu restes ici ; car quand notre jeunesse aura chanté la guerre, elle ne verra plus en toi qu’un perfide, qui a livré nos chefs au plus indigne esclavage. Sa fureur tomberait sur toi, et nous ne pourrions plus t’y soustraire. »

Ils l’obligèrent à partir, sur le champ, et lui donnèrent des guides, qui ne le quittèrent que quand ils l’eurent mis hors de tout danger.