Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/167

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brèche ; mais on ne les laissa pas aller bien loin : plusieurs détachemens de troupes et de milices allèrent à leur rencontre, et les arrêtèrent, ou les firent tomber dans des ambuscades. Le lieutenant de Villieu se distingua particulièrement dans ces manœuvres. La partie était néanmoins trop inégale : les Français se retirèrent, à la fin, mais toujours en combattant et en se réunissant, jusqu’à ce qu’ils se trouvassent à portée d’être soutenus par les batteries de la ville. Le feu dura jusqu’à la nuit : alors les Anglais se retirèrent, à leur tour, d’abord en bon ordre, et ensuite, comme en fuyant, jusqu’à leur camp. Ils se rembarquèrent, dans la nuit du 21 au 22, abandonnant plusieurs canons et une quantité de poudre et de boulets. Ils avaient perdu près de six cents hommes, et leurs munitions et leurs vivres étaient presque entièrement épuisés.

Le 23, au soir, la flotte leva les ancres, et se laissa dériver à la marée[1]. Elle mouilla, le 24, à l’Arbre Sec, et continua sa route, le lendemain. Une dixaine de vaisseaux périrent, ou furent abandonnés dans le fleuve. L’amiral Phipps s’était laissé persuader qu’il trouverait Québec dégarni de troupes et sans défense, et il avait compté sur une diversion du côté de Montréal, qui n’eut pas lieu, parce que la petite vérole ayant éclaté parmi les troupes anglaises qui devaient s’avancer de ce côté là, les Sauvages qui avaient promis de se joindre à elles, ne voulurent plus en entendre parler.

Un nombre de vaisseaux de France, qui s’étaient mis

  1. Quelques prisonniers, qu’elle avait faits, en remontant le fleuve, furent échangés, à la suggestion et par l’entremise d’une demoiselle du nom de la Lande.