Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/188

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qui avait fait l’avant-garde, un jour, faisait l’arrière-garde, le lendemain.

On arriva, le 19, à Catarocouy, où l’on séjourna jusqu’au 26, pour attendre quatre cents Outaouais, que M. Lamotte-Cadillac avait promis, mais qui ne parurent point. Le 28, l’armée se trouva à l’entrée de la rivière d’Onnontagué. Cette rivière étant étroite et rapide, le général, avant de s’y engager, envoya cinquante découvreurs par terre, de chaque côté. On ne put faire, ce jour-là, qu’une lieue et demie. Le lendemain, l’armée fut séparée en deux corps, pour faire plus de diligence, et pour occuper les deux bords de la rivière, par terre et par eau. M. de Frontenac prit la gauche, avec M. de Vaudreuil, les troupes réglées et un bataillon de milices : MM. de Callières et de Ramsay tinrent la droite, avec le reste des milices et les Sauvages. Sur le soir, on se réunit, après avoir fait trois lieues de chemin, et l’on s’arrêta au pied d’une chûte, qui occupait toute la largeur de la rivière. Une partie de l’armée s’était engagée dans le courant de cette chûte, et il eût été dangereux de la faire rétrograder. Pour remédier à cette imprudence, M. de Callières fit mettre tout son monde à l’eau, fit porter les canons par terre, et traîner les bateaux sur des rouleaux, jusqu’au dessus de la chûte. Cette opération, qui dura jusqu’à 10 heures du soir, se fit dans le plus grand ordre, et à la lueur de flambeaux d’écorce.

Enfin, l’armée entra dans le lac de Gannentaha, par un endroit nommé le Rigolet, qu’il n’eût pas été facile de forcer, si l’ennemi eût eu la précaution de s’en saisir. On y trouva deux paquets de joncs pendus à un arbre, et l’on y compta 1430 tiges ; ce qui signifiait