Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

animer presque uniquement les agresseurs. Ils auraient pu avoir un but utile pour leur nation ; celui de lui transporter le commerce que la possession de la meilleure partie de l’île de Terre-Neuve procurait à l’Angleterre ; mais pour y réussir, il aurait fallu ne pas conquérir uniquement pour ravager, mais pour conserver, et remplacer par des nationaux les anciens habitans, qu’on tuait ou qu’on chassait. Les moyens manquant, le résultat de cette petite guerre fut de faire beaucoup de mal à autrui, sans se procurer à soi-même le moindre avantage réel et positif.

Tel était l’esprit du temps, dans ce pays, que tout particulier se croyait en droit de s’armer, et d’aller tuer, incendier et piller, partout où sa volonté ou le hazard le conduisait, chez les Anglais et les Sauvages. Dans le même temps que d’Iberville et Brouillan étaient occupés à détruire les établissemens anglais de Terre-Neuve, deux ou trois petits partis de dix ou quinze hommes, chacun, se mirent en campagne, pour aller chercher rencontre ou fortune, du côté de la Nouvelle-York. Une de ces petites bandes tomba dans une ambuscade, près d’Orange, et tous ceux qui la composaient furent tués, ou faits prisonniers. Une autre rencontra des Sauvages de la Montagne, qui les prirent pour des Anglais, et fut en partie détruite. Digne récompense de ces téméraires et coupables entreprises.

De l’île de Terre-Neuve d’Iberville passa, encore une fois, à la Baie-d’Hudson, où, sur un vaisseau de 50 canons, il eut à se battre contre trois vaisseaux anglais, dont un était plus fort que le sien, et les deux autres étaient des frégates de 32 canons. Il coula à fond le premier, s’empara d’une des frégates, et obligea l’autre à prendre