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En 1706, M. de Beauharnois, qui avait succédé à M. de Champigny, dans l’intendance, fut nommé intendant des classes de marine, et eut pour successeurs MM. Rodot, père et fils. Ce dernier se chargea de la marine : la justice, la police et les finances furent le partage du père, qui, voyant que les colons commençaient à se ruiner en procès, au grand préjudice de l’agriculture, résolut de retrancher, autant qu’il se pourrait, les procédures, et entreprit d’accorder lui-même les parties ; ce qui lui réussit, au-delà même de ses espérances.

L’année suivante, M. Rodot proposa au conseil du roi de permettre aux habitans d’employer le lin et le chanvre et la laine de leurs moutons, dans le pays, où les toiles et les étoffes de France étaient à un si haut prix, que les gens peu aisés, qui formaient le plus grand nombre, n’y pouvaient atteindre.

La réponse du ministre fut, que le roi était charmé d’apprendre que ses sujets du Canada reconnussent la faute qu’ils avaient faite, en se livrant exclusivement au commerce des pelleteries, et qu’ils s’attachassent enfin sérieusement à cultiver leurs terres, et particulièrement à y semer du chanvre et du lin ; qu’il ne convenait pas que les manufactures fussent hors du royaume, parce que cela préjudicierait à son commerce ; mais que néanmoins on permettrait qu’il se fît, en Canada, des toiles et des étoffes grossières, pour l’avantage des habitans peu fortunés.