Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/300

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taire de leur nation, des administrateurs infidèles semblaient avoir pris à tâche de dilapider ses finances. La corruption, qui avait commencé à marcher, le front levé, sous l’administration de M. de la Jonquière[1], ne sut plus où s’arrêter, sous celle du marquis de Vaudreuil. À des fonctionnaires indignes succédèrent des fonctionnaires plus indignes encore : le comptrôleur (Breard) s’étant démis de son emploi, on lui donna pour successeur un homme d’une cupidité insatiable, et dépourvu de toute espèce de scrupule sur les moyens de faire fortune. M. Estebe, garde-magasin-général, à Québec, fut remplacé par M. de Clavery, premier commis de la société d’accapareurs, dont nous avons déjà eu occasion de parler. L’exemple donné par cette société fut suivi par une partie des commandans des postes militaires, dont quelques uns allèrent jusqu’à présenter des comptes pour des articles qu’ils n’avaient point fournis, et qui leur furent néanmoins payés, par ordre de l’intendant. De là cette énorme quantité de papier-monnaie, ou d’ordonnances, dont le pays se trouva comme inondé, en 1760.

  1. Ce gouverneur avait amassé, en Canada, un million de livres tournois, qui se trouvèrent, à sa mort, entre les mains de M. de Verduc, greffier du conseil supérieur.