Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/308

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aucune espérance de succès, et que s’opiniâtrer plus longtemps, c’était s’exposer à une entière défaite, le général anglais prit le parti d’ordonner la retraite. Les derniers des Anglais qui tinrent ferme furent ceux de la colonne du penchant de la côte, et ce furent les Canadiens, sortis de leurs retranchemens, qui eurent l’honneur de les mettre en pleine retraite.

La perte des Français fut d’environ cinq cents hommes tués ou blessés, et celle des Anglais d’environ 5,000 : il en fut enterré de 14 à 1,500, dans les retranchemens et dans les bois voisins. Le marquis de Montcalm ne parut jamais plus grand que dans cette journée : il se montrait partout, avec un air gai et assuré, et s’exposait, comme le simple soldat, au plus grand danger, en faisant mouvoir sa réserve, pour fortifier les endroits qui lui paraissaient les plus faibles. MM. de Levis et de Bourlamaque y donnèrent aussi des preuves éclatantes de bravoure et d’habileté. Ce fut M. de Levis qui dirigea les mouvemens des Canadiens contre la colonne de gauche des Anglais. M. de Bourlamaque fut blessé grièvement.

L’armée française n’était pas composée de plus de 4,000 hommes, au commencement de l’action, et elle se trouvait diminuée de cinq cents : celle des Anglais était encore de 13 à 14,000 hommes : aussi s’attendait-on à la voir revenir, le lendemain ; mais on apprit que le général Abercrombie avait fait rembarquer ses troupes, à la hâte, et s’était retiré, avec elles, à l’extrémité du lac George.

La victoire de Carillon ne dédommagea pas les Français de la perte de Louisbourg ; mais elle retarda peut-être d’un an encore l’envahissement du Canada.