Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les inconvéniens de la guerre, ni moins attachés à leur gouvernement, quelles que vexations qu’ils eussent éprouvées, depuis peu, de la part de quelques uns de ses employés. Il faut convenir aussi que le point de vue sous lequel ils pouvaient envisager le traitement fait à une partie des colons français de l’Acadie et à ceux de l’île Saint-Jean, n’était pas propre à leur inspirer beaucoup de confiance dans les promesses du général anglais ; et l’on ne doit pas être surpris, comme le parait être M. Smith, qu’ils aient mieux aimé abandonner leurs habitations et exposer leurs familles à la ruine, que d’adopter un plan qui devait leur paraître bien moins prudent que pusillanime, et indigne de toute leur conduite passée.

Le marquis de Montcalm avait posté un détachement de troupes, avec du canon, à la Pointe Lévy, dans l’intention de harasser la flotte anglaise, lorsqu’elle arriverait à la hauteur de cette place. Le commandant anglais n’eut pas plutôt été informé du fait, qu’il détacha le brigadier Monkton, avec quatre bataillons, pour déloger les Français. Monkton traversa la rivière, de nuit, et fit son attaque, dès la pointe du jour. Les Français furent forcés de se retirer, et le poste fut aussitôt occupé par les Anglais.

M. de Montcalm se doutant que le but du général anglais, en s’établissant sur cette hauteur, était d’y ériger une batterie de canons et de mortiers, pour battre la ville, y envoya un parti de 1, 600 hommes, pour attaquer et détruire les ouvrages commencés, avant qu’ils fussent achevés. Mais la confusion se mit parmi ces troupes ; les soldats tirèrent, les uns sur les autres, et le détachement retraversa le fleuve, dans le plus grand