Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/33

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espérance sur les armes à feu des Français, et ils recommandèrent à Champlain de tirer sur les chefs, qu’ils lui montrèrent. Les Algonquins et les Hurons sortirent les premiers de leurs retranchemens, et s’avancèrent deux cents pas au-devant des Iroquois. Quand ils furent en présence, ils s’arrêtèrent, se partagèrent en deux bandes, et laissèrent le milieu à M. de Champlain. Celui-ci, habillé à l’européenne, avec son arquebuse et ses autres armes, fut pour les Iroquois un spectacle nouveau et singulier : mais quand ils virent le premier coup de son arquebuse, il avait mis quatre balles, renverser morts deux de leurs chefs, et blesser dangereusement le troisième, leur frayeur fut égale à leur étonnement. Les alliés poussèrent de grands cris de joie, et firent une décharge générale de leurs flèches. Champlain allait recharger son arquebuse, quand les Français qui l’accompagnaient, ayant encore abattu quelques uns des ennemis, ceux-ci ne songèrent plus qu’à fuir. Poursuivis chaudement, ils eurent encore quelques hommes de tués, et on leur fit quelques prisonniers. Les alliés vainqueurs se rassasièrent des vivres que les Iroquois avaient abandonnés, sautèrent et dansèrent sur le champ de bataille, et reprirent la route de leur pays. Après avoir fait une huitaine de lieues, ils s’arrêtèrent pour mettre à mort un de leurs prisonniers. Les cruautés qu’ils exercèrent en cette occasion firent horreur à Champlain, qui demanda, comme une grâce, de pouvoir mettre fin au supplice du prisonnier, et lui cassa la tête d’un coup d’arquebuse. La nuit suivante, un Montagnais ayant rêvé qu’ils étaient poursuivis, la retraite devint une véritable fuite. Les Hurons retournèrent dans leur pays ; les Algonquins s’arrêtèrent à