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derrières de l’armée anglaise, pour faire changer le sort de la journée. Il attaqua un des postes de l’ennemi ; mais n’ayant pas réussi à s’en rendre maître, et apprenant que l’armée de Montcalm avait été défaite, il se retira vers la vieille Lorette, pour y attendre les ordres de M. de Vaudreuil.

La perte, en tués et en blessés, fut d’environ six cents hommes, dans l’une et dans l’autre armée ; mais les Français perdirent, en outre, deux cent-cinquante prisonniers. M. de Sennezergues fut recueilli sur le champ de bataille, et porté sur un des vaisseaux de la flotte anglaise, où il mourut le lendemain. Le général Montcalm fut porté dans la ville, après sa blessure, et mourut aussi, le 14 au soir, après avoir indiqué les mesures qu’il croyait les plus propres à réparer le revers de la veille[1]. Son corps fut enterré dans un trou qu’une bombe avait fait dans l’église des ursulines.

Pour revenir à l’armée française, après avoir traversé la ville, et la rivière de Saint-Charles, au pont de bateaux, elle rentra dans le camp de Beauport. Le pre-

  1. On a écrit que les chirurgiens qui le pansaient lui ayant dit que sa blessure était mortelle, et qu’il ne passerait pas le lendemain, il s’écria : « J’en rends grâce à la providence ; je ne serai pas témoin de la reddition de Québec. » Outre que ces paroles, toutes belles qu’elles sont, ne s’accordent pas avec les avis encourageants que le marquis de Montcalm donna aux siens, avant sa mort, il est certain, qu’avec des hommes habiles et résolus, la reddition de Québec ne devait pas être la conséquence inévitable d’un combat où les vainqueurs avaient presque autant perdu que les vaincus, et pouvaient être attaqués, dans une mauvaise position, par des forces supérieures à celles qu’ils venaient de combattre. Dans les autres choses que M. Smith fait dire au marquis de Montcalm mourant, cet écrivain ne mérite pas la moindre croyance.