Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/52

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les principaux habitans, ils résolurent de se défendre. L’envoyé de Kertk reçut une réponse si fière, qu’il jugea à propos de se retirer. Cependant, il n’y avait plus que quelques livres de poudre dans le magasin, et chacun des habitans était réduit à sept onces de pain par jour. Si Kertk eût connu cet état de choses, il serait sans doute venu de suite à Québec, et s’en serait rendu maître sans coup férir. Mais peut-être crut-il qu’il fallait commencer par s’emparer d’une escadre que la nouvelle compagnie avait expédiée, sous la conduite de M. de Roquemont, un de ses membres. Celui-ci, loin de chercher à éviter Kertk, vint à sa rencontre, sans songer qu’il exposait au hazard d’un combat dont le succès ne pouvait qu’être douteux, toute la ressource d’une colonie prête à succomber. Les deux escadres ne tardèrent pas à se rencontrer : Roquemont montra de la bravoure et de l’habileté ; mais outre que ses vaisseaux pesamment chargés ne pouvaient pas manœuvrer aussi bien que ceux de Kertk, ils étaient moins forts. Ils furent bientôt tous désagréés et contraints de se rendre.

Le combat s’étant livré dans le golfe, ou à l’entrée du fleuve, le vainqueur ne jugea pas à propos de monter incontinent à Québec. La chasse, la pêche, et la récolte remirent pour quelques mois un peu d’aisance dans la ville et dans les habitations voisines ; mais ensuite on se trouva dans une disette pire que la précédente ; jusque-là que plusieurs furent contraints d’aller chercher des racines dans les bois, pour s’empêcher de mourir de faim. Le retour de la saison de la navigation n’apporta pas de soulagement à ce mal, car il n’arriva aucun vaisseau de France. Aussi Champlain regarda-t-il les Anglais