Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/58

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à son arrivée, le gouverneur anglais lui remit la place, avec tous les effets qui lui appartenaient.

En 1633, la compagnie des Cent Associés rentra dans tous ses droits, et l’Acadie fut concédée au commandeur de Razilli, à condition qu’il y ferait un établissement. Il en fit un, en effet, mais peu considérable, à la Hève. La même année, M. de Champlain fut nommé de nouveau gouverneur, ou commandant en Canada, et y vint, avec une escadre qui portait beaucoup plus que ne valait alors toute cette colonie. Sa première vue fut de s’attacher la nation huronne, et de tâcher de la soumettre au joug de l’évangile. Des missionnaires, récollets et jésuites, l’avaient déjà visitée, avant la prise de Québec, et il arriva ensuite un assez grand nombre des derniers, dont plusieurs partirent pour cette mission. Le P. Charlevoix remarque qu’en moins de trois ans, après la restitution du Canada, il y eut quinze jésuites dans le pays. Bientôt aussi, dit-il, il n’y eut plus un seul calviniste dans la colonie. Cette exclusion, qu’on pourrait regarder comme le fruit de l’intolérance, qui était l’esprit du temps, et non moins chez les protestans que chez les catholiques, était aussi une mesure de politique : on était persuadé, à la cour de France, que l’entreprise et le succès des Anglais contre le Canada étaient principalement dûs aux intrigues de quelques protestans de France, et à la connivence de ceux de la colonie ; et l’on crut qu’il était de la prudence de ne pas trop approcher les réformes des Anglais, dans un pays où l’on n’avait pas assez de forces pour les contenir dans le devoir et la soumission aux autorités légitimes.