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sonniers, il espérait pouvoir s’en servir pour établir une paix durable entre eux et les Iroquois. Il leur fit voir, en même temps, les marchandises avec lesquelles il se proposait de payer la complaisance qu’ils auraient pour lui.

Les Algonquins remirent un prisonnier, et acceptèrent les présens du gouverneur. Celui-ci s’étant tourné ensuite vers les Hurons, pour connaître leur réponse, l’un d’eux se leva, et lui dit : « Ma bourgade m’a vu sortir guerrier, je n’y rentrerai pas marchand. Que me font tes étoffes et tes chaudières ? Est-ce pour trafiquer que nous avons pris les armes et que nous nous sommes mis en campagne ? Si tu as tant d’envie de nos prisonniers, tu peux les prendre ; j’en saurai bien faire d’autres, et si je meurs en le faisant, ceux de mon village diront : « C’est Ononthio qui l’a tué. » Les Hurons donnèrent d’autres raisons pour garder leurs prisonniers, et entr’autres, qu’étant des jeunes gens, ils devaient attendre la décision de leurs anciens. Le gouverneur ne jugea pas à propos d’insister davantage.

Les anciens décidèrent que les prisonniers seraient renvoyés au gouverneur. Des députés iroquois arrivèrent aux Trois-Rivières, où des Sauvages de toutes les tribus alliées des Français étaient déjà assemblés. M. de Montmagny s’y rendit, et marqua aux négociateurs le jour où il leur donnerait audience. Ce jour venu, le gouverneur parut dans la place du fort, qu’il avait fait couvrir de voiles de barques, et s’assit dans un fauteuil, entouré des principaux de la colonie. Les députés iroquois avaient apporté dix-sept colliers, qui étaient autant de paroles, ou de propositions qu’ils avaient à faire. Après que ces colliers eurent été ex-