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Toutes ces aggressions se commettaient sans que M. de Lauzon en pût tirer raison. La faiblesse de la colonie inspira de la méfiance ou du dégoût aux Sauvages domiciliés dans son sein. Une grande partie des Hurons de Sylleri se retirèrent, les uns chez les Onnontagués, les autres chez les Agniers même. La plupart de ceux qui prirent ce dernier parti n’eurent pas lieu de s’en louer, par la suite ; car ils furent presque tous ou tués, ou traités en esclaves. L’établissement projeté chez les Onnontagués ne put se faire, et M. Dupuys fut contraint de s’en revenir, ou pour mieux dire, de fuir secrètement avec ses gens, de peur d’être poursuivi et attaqué dans sa retraite.

Ce fut sur ces entrefaites que M. d’Argenson, nommé gouverneur, à la place de M. de Lauzon, débarqua à Québec, le 11 juillet 1658. Dès le lendemain de son arrivée, il fut assez surpris d’entendre crier, aux armes, et d’apprendre que des Algonquins venaient d’être massacrés par des Iroquois, sous le canon du fort. Il détacha aussitôt deux cents hommes, Français et Sauvages, pour courir après ces barbares ; mais ils ne purent être atteints. Peu de temps après, des Agniers s’approchèrent des Trois-Rivières, dans le dessein de surprendre ce poste ; et pour y mieux réussir, ils détachèrent huit d’entr’eux, qui sous le prétexte de parlementer, avaient ordre de bien examiner l’état de la place ; mais M. de la Potherie, qui y commandait, en retint un prisonnier, et envoya les sept autres à M. d’Argenson, qui en fit bonne justice. Ce coup de vigueur eut tout le succès qu’on en attendait, et procura, pour un temps, quelque repos à la colonie.