Page:Bibaud - Le Panthéon canadien, 1891.djvu/28

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Beaujeu fut grièvement blessé ; d’autres, qu’il fut tué en remportant cette impérissable victoire où les siens étaient un contre trois. Le fait est qu’il mourut de ses blessures et fut inhumé le 12, comme le porte un ancien registre du fort Duquesne dont le commandeur Viger possède une copie. Il avait communié avant la bataille.

Daniel Liénard de Beaujeu, fils, lieutenant dans les troupes de la marine, obtint une nouvelle seigneurie et recouvra celle de son père, qui avait été réunie au domaine du roi, faute sans doute d’avoir été mise en valeur ; le vainqueur de Mononghahéla n’avait donc pas été traité aussi favorablement que Regulus. Louis Liénard de Beaujeu, écuyer, capitaine d’infanterie, fut aussi seigneur sur le lac Champlain, avec haute, moyenne et basse justice. — Lors de la conquête du Canada par les Anglais, quelques membres de cette maison passèrent en France et y furent de plus en plus élevés. L’un d’eux, que nous avons peut-être nommé plus haut, car il s’agit encore d’un officier de marine, après s’être distingué dans la colonie, fut le compagnon d’armes de Lapérouse à l’expédition de la Rivière-Rouge en 1782, en qualité d’aide-major des troupes. En 1793, il fut l’un des 80 gentilshommes qui défendirent si héroïquement la redoute de Béthune contre les républicains, et mourut comte de Beaujeu. — En Canada, un des descendants du vainqueur de Mononghahéla s’acquit la réputation d’un grand patriote en 1775 et tant que les Américains eurent un pied dans le pays. Malgré la répugnance que les censitaires montrèrent généralement à prendre les armes sous leurs seigneurs, son influence fut telle, qu’il en réunit près de mille avec lesquels le capitaine général Carleton partit de Montréal pour tenter de descendre sur l’autre rive du fleuve, où était les avant-postes de Montgomery. Il partagea en cette occasion le désappointement du général, mais loin de se décourager de cet insuccès qui eût dû, ce semble, étouffer le mouvement à son principe, il conserva ou rallia 350 hommes sous sa bannière, s’attacha avec eux aux pas des Américains, et les suivit jusqu’à Québec. Il les harcela constamment sans se rebuter du mauvais esprit d’une partie de la population et parvint même à lier ses opérations avec celles du général. C’est un témoignage que lui a rendu Roux de Rochelle, ministre de France aux États-Unis, dans son livre sur l’Amérique : « Un détachement que