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Page:Bibaud - Le Panthéon canadien, 1891.djvu/43

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ment des Français et qui auraient nullifié leur système d’alliance avec les nations, incités par La Fontaine Marion[1], que Denonville fit fusiller, et d’autres traîtres. Il mourut du scorbut à Niagara en 1688. Un autre Boisbriand de La Durantaye fut aussi commandant de Michillimakinac et des Outaouais et chevalier de St-Louis. L’intendant de Champigny faisait son éloge dans une lettre de 1691 reproduite dans les Documents de Paris. Cette famille est aujourd’hui bien déchue.

Bonne (Pierre Amable de), célèbre magistrat canadien au commencement de ce siècle, seigneur de Saint-François, Choisy et autres lieux, descendait du sieur de Bonne de Mizèle, capitaine au régiment de Condé et seigneur canadien, neveu du marquis de La Jonquière. Il fut aussi seigneur, juge, colonel de la milice de Beauport durant la dernière guerre, membre du conseil exécutif en 1794, et aussi de l’assemblée législative, où il s’opposa à la motion de M. Cuthbert pour l’abolition de l’esclavage. Il fut plusieurs fois réélu. La majorité vit en lui le chef du parti canadien du château en chambre, et agita la question de l’expulsion des juges, comme créatures du gouvernement. Elle rédigea un bill à cet effet. Le conseil législatif l’amenda. L’assemblée, piquée, l’abandonna et se permit de déclarer vacant, par un simple vote, le siège du juge de Bonne, qu’on avait attaqué personnellement par le bill, car il était le seul magistrat qui fût membre. Craig n’hésita point à dissoudre une chambre à prétentions aussi exorbitantes, mais M. de Bonne ne se fit pas réélire et tira ainsi sir George Prevost d’un grand embarras. Il eut avec le grand juge Osgood un autre démêlé dans lequel sir R. S. Milnes lui donna gain de cause. Quoiqu’il eût été à la tête du comité nommé pour présenter une adresse à S. A. R. le prince Édouard, et qu’il votât avec le gouvernement, M. Ryland ne l’aimait pas et lui fait un crime d’avoir envoyé son fils servir sous Bonaparte. Un boulet de canon pourvut sans doute à tous ses besoins, puisque le père mourut sans enfants et que sa grande fortune a été l’objet d’un long litige en Canada et en Angleterre. Le juge de Bonne était un bon orateur dans son temps et il eut du mérite dans la ré-

  1. Jeune Canadien qui possédait toutes les langues sauvages.