Page:Bibaud - Le secret de la marquise, Un homme d'honneur, 1906.djvu/84

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Oui, oui, je vais m’armer du fouet de la satire :
Quand c’est pour corriger, qui défend de médire ?
Doit-on laisser en paix le calomniateur,
Le ladre, le brigand, l’envieux, l’imposteur,
Quiconque de l’honneur et se joue et se moque ?
Que n’ai-je, en ce moment, la verve d’Archiloque ?
Mais qu’importe cela puisque je suis en train,
Si je ne suis Boileau, je serai Chapelain :
Pourvu que ferme et fort je bâtonne, je fouette,
En dépit d’Apollon, je veux être poëte,
En dépit de Minerve, en dépit des neuf Sœurs :
Les Muses ne sont rien, quand il s’agit de mœurs.
Si je ne m’assieds point au sommet du Parnasse,
À côté de Régnier, et de Pope et d’Horace,
Je grimperai tout seul sur un de nos coteaux ;
Là, sans gêne, sans peur, sans maîtres, sans rivaux,
Je pourrai hardiment attaquer l’avarice,
La vanité, l’orgueil, la fourbe, l’injustice,
La ruse, le mensonge, ou plutôt le menteur,
Et l’oppresseur barbare, et le vil séducteur.
À tous les vicieux je déclare la guerre,
Dès ce jour, dis cette heure...... « Ami, qu’allez-vous faire ? »
Va me dire un ami ; « de tous les vicieux
« Vous rendre l’ennemi ! Craignez, c’est sérieux ;
« Ah ! si vous m’en croyez, redoutez leur vengeance ;
« Peut-être vous pourriez...... » — Je sais que leur engeance
À la peau délicate, est fort sensible aux coups,
Se dresse de dépit et s’enfle de courroux.
Eh bien ! je leur verrai faire force grimaces ;
Puis après, je rirai de toutes leurs menaces :
Leur colère ressemble à celle du serpent,