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le secret de la marquise

vait que vingt ans, néanmoins il ne possédait pas cëtte légèreté de caractère appartenant généralement à cet âge.

La marquise, veuve de très bonne heure, lui avait fait donner une éducation solide et lui avait imbu des principes d’une vertu, d’une sagesse qui lui faisaient honneur. Aussi ce qui pour un autre aurait passé inaperçu faisait chez le jeune homme une grande impression et précisément l’inquiétude où il était de connaître la raison pour laquelle sa mère s’opposerait à son union avec Louise, augmentait l’amour qu’il avait pour cette dernière. Il ne voulait pas offenser la marquise, il retardait toujours à lui faire un aveu qui eut pu l’affliger ; pourtant il se fut épargné de graves angoisses si avant d’ouvrir son cœur à sa cousine il eut tout avoué à sa mère ; alors qu’il était loin de la jeune fille, il eut été beaucoup moins pénible de se séparer d’elle pour toujours, qu’après avoir échangé ses sentiments, s’être senti compris, aimé, puis voir tout à coup par un mot changé en un abîme affreux cet Eden de bonheur, où déjà ses pas se posaient.

Deux ans s’étaient écoulés depuis leur départ, c’était le terme de leur voyage. Hector se sentait radieux, il allait retrouver Louise. La marquise, elle, inquiète, nerveuse, se demandait ce que lui réservait l’avenir, malgré tout, elle ramenait son fils libre, sans savoir s’il avait oublié.

C’était par un beau soir de mai qu’ils revinrent au château. Louise, depuis longtemps, impatiente de leur retour, les attendait sur les marches du large perron, afin de les voir plus tôt. Comme son âme volait à leur rencontre, que de joie, que de bonheur de les revoir ; quel changement s’était