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le secret de la marquise

dresse, une affection qui laissait celle-ci toute rêveuse, elle lui disait : « Ô mon enfant chérie, c’est pour toi que je tiens à la vie, c’est un amour de mère que je te porte, en te berçant sur mon sein, combien de fois j’ai rêvé à ton bonheur ! je voudrais le voir assuré. »

— Je suis heureuse, répondait la jeune fille. »

— Oui, je le sais, mais il me faudrait plus encore ; je voudrais, Louise, avant de quitter ce monde, te savoir la femme bien aimée d’un homme qui te serait dévoué toute sa vie. »

La jeune fille rougissait, mais n’osait avouer son secret le plus cher.

Cependant Marie avait deviné ce que l’on prenait beaucoup de peine à lui cacher. Souvent en regardant Hector et Louise ensemble, elle avait soupiré, murmurant bien bas : « Oh ! mon Dieu, si cela était, je mourrais sans regrets. »

Ce soir-là, en les voyant réunis de nouveau, un éclair de joie illumina son regard abattu, un peu d’incarnat monta à ses joues. « Monsieur Hector, dit-elle, vous êtes revenu pour tout de bon, n’est-ce pas ! vous ne quitterez plus le château pour voyager ? »

« Oh, non, pas de sitôt du moins. Marie, on n’est nulle part aussi heureux que chez soi, surtout lorsque l’on se sent entouré d’affections aussi sincères. Venez, mes amis, dit-il, en s’adressant aux paysans, vous rafraîchir un peu ; il faut boire à la santé de ma mère, de ma cousine, c’est moi qui vous y invite.

Des hourrahs lui répondirent. Bientôt, dans la grande salle armoriée du château, fut réunie cette troupe de villageois aux vêtements rustiques,