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UN HOMME D’HONNEUR




Paul Bienville venait de plaider avec succès ; mais lorsque ses amis s’étaient avancés pour le féliciter, brusquement il les avait repoussés.

— Vous êtes des imbéciles, leur avait-il dit, et moi un butor.

Puis, sans toucher à une seule de ces dix mains tendues vers lui pour serrer la sienne, il traversa, d’un pas nerveux, le long corridor précédant la cour de justice, où il venait de faire entendre son premier plaidoyer : laissant interdit ce groupe de jeunes gens, confrères d’étude, qui s’étaient réunis pour lui exprimer leur satisfaction de ses brillants débuts au barreau.

Sans leur jeter un second regard il quitta, dans une surexcitation fiévreuse, le palais de justice, où une phrase prononcée par un adolescent d’une quinzaine d’années, avec un accent d’indicible angoisse, venait de lui faire entrevoir l’injustice de la cause qu’il avait gagnée.