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le secret de la marquise

parable et qu’elle avait aussi bien raison de chérir, car si la nature lui avait donné un physique attrayant, elle ne l’avait pas moins doué en noblesse de sentiments, il possédait ces qualités du cœur faisant la joie de la famille, le charme de la société, l’honneur de la patrie.

Madame de Montreuil avait élevé ces deux enfants sous le même toit, ils avaient grandi ensemble, se partageant leurs joies, leurs chagrins, s’aimant en véritables frère et sœur jusqu’au jour où tous deux comprirent en même temps qu’il y a un sentiment plus tendre.

Alors sans le savoir Hector et Louise devinrent plus timides vis-à-vis l’un de l’autre. Lorsque le jeune homme entrait Louise rougissait, son cœur battait plus vite à son approche, lui aussi se troublait.

La marquise les examinait avec anxiété. Que se passait-il donc ? elle fut la première à le deviner ; mais elle ne le voulait pas, non, ni Hector ni Louise ne devaient s’aimer. Elle résolut de les éloigner. La jeune fille fut conduite au couvent, la marquise partit pour un long voyage, avec son fils, espérant ainsi étouffer un sentiment encore inavoué, un amour d’enfant, ou plutôt un caprice du jeune âge, qui se changerait avec les impressions du voyage. On quitta la France. Hector aimait les sciences, les arts, il était passionné pour la musique, c’était en Allemagne, en Italie qu’il fallait aller ; elle l’amena à Dresde, à Francfort, à Naples, à Rome, où ils passèrent toute la saison des plaisirs.

La marquise tenait peu au monde ; mais pour son fils elle se mit à aimer les fêtes, elle le conduisit à tous les bals du carnaval. Son grand