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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

aussi grand soin de ses effets que de ses instruments. Un peu neurasthénique il ne pouvait souffrir une poussière, elles étaient les migraines de sa belle santé, il en souffrait à l’égal des plus gros maux de tête ; aussi les patients en l’appelant chez eux pouvaient être parfaitement rassuré, jamais, faute de précaution, il n’aurait apporté dans leurs maisons le plus inoffensif des microbes, il possédait l’antiseptique infaillible, une méticuleuse propreté.

Au physique agréable, grand, droit, les traits réguliers, les manières policées, on le trouvait bel homme ; le timbre de sa voix, chaude, harmonieuse, captivait ; il plaisait beaucoup. En peu de temps ses qualités lui avaient acquis une certaine clientèle. Les mères le recherchaient pour leurs filles, cependant il paraissait difficile, pas une de toutes ces aspirantes à son nom n’avaient encore eu le don de lui plaire ; comme les années s’étaient écoulées on commençait déjà à le nommer vieux garçon. Il faut dire aussi qu’il en avait un peu les aptitudes. Les craintes nerveuses des chances douteuses du mariage le hantaient. Pourtant il avait l’étoffe pour faire un mari parfait, sensibilité d’une femme sous une apparence virile ; il comprenait que le bonheur quotidien consiste dans la délicatesse que l’on apporte à l’accomplissement des petites choses ; il avait l’intuition de la joie et de la souffrance que