Page:Bibaud - Les fiancés de St-Eustache, 1910.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

étaient réunies au salon. Dans l’embrasure d’une fenêtre, un polonais, Thadens Polewski, professeur de physique, petit, grêle, aux regards pointus, discutait avec un espèce de savant tout renfrogné dans son étude, ne déviant jamais de la méthode écrite, ne voyant rien de ce qui se passe autour de lui, par conséquent fort agaçant dans sa manière de résoudre les problèmes psychologiques : les nuances lui échappant il ne peut saisir les lignes fines, imperceptibles, ses yeux ne lui laissant voir que les lettres, son esprit lent ne lui faisant comprendre que les points sur les i, il n’a qu’un intérêt au monde, ses livres. À chaque instant les mouvements d’impatience du Polonais dénotent combien il est contrarié de la manière de voir de son interlocuteur.

— Vous doutez, dit-il, eh bien ! l’avenir le prouvera, dans un futur qui n’est pas loin encore, vous verrez tout cela.

— De la magie, alors, vous croyez à la magie.

— Je crois à la science, oui, nous découvrirons cette force motrice conduisant les machines, les voitures sans chevaux : avec l’étude approfondie nous deviendrons maîtres des courants aériens, nous traverserons les mers et les airs à volonté ; en ces jours, la distance aura fini d’exister.

— Et le monde finira aussi.

— Je ne dis pas non, le pouvoir de l’homme