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Page:Bibaud - Lionel Duvernoy, 1912.djvu/11

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« Où es-tu, où es-tu ? » interrompant soudain le calme de cette mer de sable ; de ce monde où tout était plongé dans un sommeil de mort, où nul indice ne révélait la présence d’un insecte, d’un oiseau, d’une plante animée, où pas un souffle d’air ne gémissait dans l’espace, où tout ce qui respire était frappé d’immobilité complète, le pénétrant d’un sentiment d’oppression, de tortures angoissantes ; pendant quelques secondes il se sentit incapable d’avancer ; il voulait fuir pour aller ailleurs entendre vibrer un son vital, un simple bourdonnement de scarabée, un bruissement d’herbe, un froissement de branche cassée : mais tout son être semblait paralysé, il croyait entendre dans son hallucination le glas funèbre tinter son De Profondis, et comme bien d’autres voyageurs avant lui se l’était demandé, Lionel murmura : Est-ce la dernière heure ? par un suprême effort il réagit contre cette torpeur et parvint à une oasis, où il put inonder son front brûlant, dans une eau bienfaisante ; elle lui rendit le courage. Ranimé il réussit à franchir en peu de temps les sables du désert…

Après le désert Monsieur Duvernoy passa en Italie ; se dirigea vers l’Inde visita le Japon, traversa le Grand Océan, puis enfin posa ses pieds sur le sol d’Amérique. Chose étrange en respirant les premières bouffées d’air à Victoria, il éprouva les douces sensations de l’a-