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Page:Bibaud - Lionel Duvernoy, 1912.djvu/48

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souvent vous avec elle. J’aurais voulu me revoir au fin fond de la Chine. Les Chinois n’ont pas d’idées extraordinaires, et laissent les originaux de mon espèce se renfermer autant qu’ils le veulent dans leur scepticisme, sans jamais avoir la fantaisie de les en tirer. Le peuple de l’assafoetida me semblait le plus sensé de tous, dans mes moments de rage. Au moins, me disais-je, ces gens là, s’ils ont de l’invention, ce n’est pas pour tourner le moral. La Chine était devenue le pays de mes rêves ; j’aurais voulu être tourné en chinois, en véritable chinois, avec des yeux taillés en saucier, une tresse de cheveux me descendant sur les talons, et un esprit de chinois ; ce n’était pas trop demander pour être délivré des tracas que Laure me causait. J’étais dans ces dispositions, lorsqu’enfin hier, hier seulement, on me remit un petit billet tout rose, parfumé, plié avec un chic tout particulier. C’était bien à elle, à l’adresse j’avais reconnu l’écriture. Tout ce qu’elle fait est bien fait. Encore un tort de plus pour me faire tenir aux Chinois. Je n’osais ouvrir, je demeurais là, bêtement, devant ce pli, comme s’il allait me jouer un mauvais tour. Qu’allait-il m’apprendre, il y avait si longtemps que je n’avais reçu de ses nouvelles, Ne valait-il pas mieux jeter le tout au feu et en finir ? Mais non, je veux savoir, d’une