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fois me trouvant accablée de tristesse, il chercha par une lecture intéressante à ramener chez moi la gaité : Eh bien ! les passages qu’il choisissait étaient ceux-là même que j’avais dévorés tout le jour en leur demandant l’oubli de mes ennuis.

Ah ! Léa, Léa, pourquoi l’ai-je rencontré pour mon malheur et le sien. Vingt fois dans ses regards, remplis d’amour et d’angoisse, j’ai surpris un aveu qui montait de son cœur et mourait sur ses lèvres, car on dirait qu’il comprend qu’un invincible obstacle nous sépare. Oh ! je voudrais mourir.

Les pleurs de la jeune femme recommencèrent à couler. Léa embrassa son amie.

— Pauvre Noémie, fit-elle, que puis-je te dire pour consoler ta douleur ? je voudrais tant te voir heureuse de nouveau. Moi qui venais te demander si tu assisterais au bal ce soir, combien peu je m’attendais à te trouver en larmes.

— Cela t’étonne, cependant bien souvent j’ai versé des pleurs amers avant d’entrer dans une réunion, et là, je paraissais gaie, heureuse ; ainsi ce soir j’irai à ce bal, tout le monde croira à mon bonheur lorsque j’ai le désespoir dans l’âme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le soir était venu. Debout devant sa glace, seule dans sa chambre, Noémie complétait sa toilette en y ajoutant une rose blanche. Elle