Page:Bibaud jeune - L'Honorable L.A. Dessaules et le système judiciaire des États-pontificaux, 1862.djvu/52

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refusé d’entendre là-dessus un Toscan digne de foi et bien informé de ce qui se passe en Italie, qu’il lui avait tout exprès adressé. Après avoir cité le témoignage d’un correspondant du Times, qui avouait que le gouvernement révolutionnaire fesait publier des nouvelles tellement fausses, que l’on croyait rêver en les lisant, il ajoute : « Voilà donc ce que nous devons penser des informations puisées à cette source suspecte ; et voilà pourtant le rêve auquel lord John Russell tient si bien, qu’il ne permet pas même qu’on le réveille.

« Il regarde comme absurde le projet de démembrement des États Romains présenté par la Sardaigne et approuvé par l’Angleterre dans le dernier congrès. Il fait voir qu’un Congrès, pas plus qu’un souverain particulier, n’a le droit d’imposer ses libertés à un autre souverain qui n’en voudrait pas, qu’une majorité quelconque n’autorise pas un congrès européen à fouler aux pieds les droits des vieilles dynasties et les traités solennellement garantis ; que toute doctrine contraire une fois adoptée, elle deviendrait bientôt d’une application universelle, et, quels qu’en seraient les résultats, elle porterait tout d’abord un rude coup à la puissance de l’Angleterre ; qu’un premier chef populaire venu, ne peut impunément et sans la sanction de l’Europe usurper le pouvoir suprême dans un petit État en se faisant appuyer par les armes, par l’argent et par l’intrigue de l’étranger ; qu’il ne saurait être permis, n’importe à quel moment, de faire appel à une majorité populaire, arbitrairement choisie, pour transférer l’allégeance d’un État normalement établi à un prétendant étranger ; qu’il va sans dire que, s’il est permis de le faire cette année, il ne le sera pas moins de le faire l’année prochaine ; que la probité est la meilleure politique, et que l’Angleterre ferait bien de traiter les autres comme elle voudrait être traitée elle-même. Il supplie ses compatriotes de considérer que le meilleur moyen de repousser toutes les tentatives des ennemis de l’État est de s’en tenir hardiment, scrupuleusement aux traités ; c’est de n’admettre aucune altération grave dans les limites des états Européens ; de ne tolérer aucune absorption d’un état faible par un voisin