Page:Bibert - Eugène Gilbert "Roi des Ailes" A 34557.pdf/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 25 —


Vers deux heures du soir, le monoplan était monté au lieu dit les Gravanches (Clermont-Ferrand) mais de gros nuages couraient toujours dans le ciel. À trois heures et demie, une forte giboulée oblige le public à battre en retraite, mais Gilbert ne perd pas courage, ne perd pas espoir ; il sait que ses concitoyens de la Pelite Patrie l’attendent à Brioude ; il travaille sous la pluie, sous la grêle, aidé de ses mécaniciens, à mettre son moteur au point.

À quatre heures, le soleil daigne faire risette et le vent n’étant plus aussi fort, on met la main fébrilement aux derniers préparatifs.

Tout est prêt, enfin ! et à 4 h. 35, après avoir-été cinématographié, Eugène Gilbert prend place sur son au dont l’hélice est mise en marche, au milieu des acclimations de la foule enthousiaste, En un vol aussi impressionnant que merveilleux, il quitte le sol et s’élève rapidement, décrivant de larges cercles au-dessus des Gravanches.

Le vent, qui s’était calmé un moment, souffle de nouveau en tempête, c’est un véritable cyclone ; la foule crie : « Ne continuez pas ! C’est de la jolie ! » Mais Gilbert (comme le nègre) continue ; son appareil est teriblement secoué dans la bourrasque et le jeune aviteur, faisant preuve d’un grand courage et d’une rare énergie, persiste malgré tout dans sa lutte contre les éléments déchaînés.

À 306 mètres de hauteur, pris par une rafale, l’aéroplane dégringole brusquement d’une centaine de mètres ; un moment d’indiscible émotion étreint tous les cœurs : « Il va se tuer ! » Mais Gilbert, sans perdre une seconde son imperturbable sang-froid, recommence sa lutte dans la tourmente et, superbe d’énergie, fait reprendre à son oiseau vainqueur sa marche ascentionnelle[sic] dans la tempête asservie.

Il eut été dangereux de prolonger plus longtemps