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date de la mort de ce personnage. Leur opinion, rejetée par les écrivains que j’ai cités, semble avoir été tout à fait abandonnée depuis. En effet, les Biographies Michaud et Didot, dans l’article qu’elles lui consacrent, l’abbé Ulysse Chevalier, dans sa Bio-bibliographie, M. Hauréau, dont la science fait autorité en ces matières, dans ses Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale (t. III, p. 4), répètent que Nicolas de Lire est mort en 1340. Et cependant, malgré les épitaphes qui semblent être des témoins irrécusables (au moins la première), cette date est fausse, et c’est la seconde, celle de 1349, qui paraît bien être la vraie. La preuve m’en est fournie par une mention des Journaux du Trésor à la date du 20 juillet 1349, et qui porte dans l’édition que je prépare le no  2031. La voici en entier :


Galterus de Cantulupi, provisor garnisionum vinorum Regis, pro denariis per ejus litteram recognitoriam datam VIa hujus mensis receptis, pro emendo unam caudam vini Belnensis, donandam fratri Nicholao de Lyra, ordinis Fratrum Minorum, magistro in theologia, de precepto domine Regine, 24 l. 4 s. p., compt. per fratrem Galterum de Pavillionibus ut supra, super dictum Galterum in partibus suis.


Je crois qu’après cela il ne peut subsister aucun doute, car ce Nicolas de Lire, de l’ordre des Frères Mineurs et maître en théologie, ne saurait être que le célèbre auteur des Postilles. Il ne mourut donc qu’après le 6 juillet 1349, puisqu’à cette date il reçoit un tonneau de vin de la reine, et même après le 20 de ce mois, puisque alors on ne le signale pas comme défunt. Il est donc bien probable que l’année 1349, donnée par dom Félibien, est celle de sa mort.

Mais, après cette constatation, surgissent de nouvelles difficultés. Pendant longtemps, différents pays se disputèrent l’honneur d’avoir donné le jour à ce théologien ; les uns voulaient qu’il fût Flamand, d’autres Anglais, d’autres Français, car le nom de Lire est porté par différentes villes situées dans ces contrées. Ce n’est même qu’assez tard qu’on lui assigna comme lieu d’origine Lire, petit bourg situé près d’Évreux. Et sur quoi semble-t-on particulièrement s’appuyer pour répondre aux objections de ceux qui en faisaient un Flamand ou un Anglais ? sur l’épitaphe que j’ai signalée. Or, sans vouloir prendre parti pour les tenants d’un pays ou d’un autre, si cette inscription donne pour sa mort une